PSG-Dortmund : Oumar Dieng - "ce n'est pas normal pour un tel club..."
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A la veille de la demi-finale retour de la Ligue des champions entre le Paris Saint-Germain
et le Borussia Dortmund, l'ancien
défenseur du club de la capitale, Oumar Dieng a accordé un
entretien exclusif à Afrik-Foot.com. L'occasion
pour l'ex-international français de s'exprimer sur cette affiche
mais aussi de revenir sur la différence entre le Paris des années
90 et le PSG qatarien. Oumar Dieng a également évoqué ses souvenirs
des Jeux Olympiques de 1996 avec les Bleus et ses rapports avec son
"grand frère" George Weah. Entretien réalisé par Yoro Mangara, La dernière fois que le PSG a joué une demi-finale de Ligue des champions au
Parc des Princes, c'était en 1995 avec votre équipe. Pouvez-vous
nous d'écrire, l'ambiance dans le stade ? Pfff ! Elle était incroyable. C'est l'une des plus belles
soirées de ma carrière de footballeur professionnel. Je n'étais pas
titulaire ce soir-là, mais j'ai tout apprécié. Pour le jeune
défenseur que j'étais, qui venait de Lille, mon club formateur,
faire une demi-finale, dans une équipe composée en défense centrale
de joueurs comme Kombouaré, Roche, Ricardo, c'était énorme. Ce
jour-là, les supporters avaient mis le feu au Parc, dans le bon
sens du terme évidemment, même si à la fin nous avions perdu face
au Milan. Le PSG peut-il renverser la vapeur mardi ? Avant de parler du match retour, permettez-moi de parler du PSG
qui n'a plus joué de demi-finale de la Ligue des champions au Parc
depuis 1995, c'est-à-dire 19 ans. Je crois que ce n'est pas normal,
pour un club comme Paris. Il y a eu, c'est vrai la demie lors du
final 8 au Portugal, mais 29 ans sans jouer une demi-finale au
Parc, c'est long ! Pour en revenir au match, je suis conscient de la tâche
difficile qui attend le PSG, mais ce qui me rassure, c'est qu'enfin
à Paris, il y a une bonne direction sportive, un bon entraîneur,
une identité de jeu, une conviction dans le jeu. En plus, Luis
Enrique tient son vestiaire. J'ai des retours positifs de ce
côté-là. Je ne suis plus au club mais je suis encore très près du
PSG, j'ai des amis au club qui me rendent compte de ce qui s'y
passe. Comment doivent-ils faire ? L'entraîneur du PSG a déjà compris sur quoi ça va se jouer, dès
la fin du match aller, il a appelé à une mobilisation générale des
supporters qui selon lui, seront 50 000. Avec un Parc rempli, de
l'ambiance, une soirée de folie avec de la réussite devant les
buts, le PSG va passer. Je trouve que Paris est largement outillé
pour passer en finale. Il faudra aussi que Mbappé soit plus
percutant. Peut-on comparer votre PSG et celui
d'aujourd'hui ? La grosse différence, c'est d'abord les moyens. Le PSG
d'aujourd'hui est beaucoup plus riche. Tout a changé, le centre
d'entrainement, tout ! Est-ce qu'il y a des joueurs de votre PSG qui pourraient
être titulaires dans ce nouveau Paris ? Je crois qu'un garçon comme Bernard Lama aurait fait un bien fou
à ce PSG-là. Ce n'est pas parce que c'est mon ami, Lama est un cran
voire deux au-dessus de Donnarumma. Il assure et rassure toute la
défense. Je sais de quoi je parle car j'étais défenseur central.
Bernard était un leader, qui parlait et criait sur tous les
défenseurs. C'est lui qui commandait sa défense. Au milieu, il
manque à ce PSG Valdo… Qu'est-ce qu'il était fort
lui…(respiration). C'était un virtuose, les images de Valdo qui
allait frapper les corners devant la tribune Auteuil me reviennent.
En attaque, je mettrais George Weah. Lui, il pouvait marquer quand
il veut et aimait les grands matches. Zlatan Ibrahimovic ancien attaquant du PSG a osé dire
quand il évoluait avec le club de la capitale
française ; « avant, il n'y avait rien ».
Est-ce que ses propos vous ont blessé ? J'ai joué au PSG pendant trois ans, et ses propos m'avaient
énormément affecté. Je pense aux plus anciens hein, Lama, Roche, Le
Guen, Fournier qui ont évolué sous les couleurs du PSG pendant des
années et qui ont tout connu avec ce club. C'est un manque de
respect pour nous tous, mais comme le club a laissé passer… Vous avez évolué avec un certain George Weah Ballon d'Or en 1995, le seul
Ballon d'Or africain. Qui était Weah ? vous étiez titulaire au
stade de Munich lorsqu'il a enrhumé toute la défense du Bayern… Je vois que vous avez très bien travaillé sur votre sujet. Weah
est un ami et un grand frère. Quand je suis arrivé au PSG, Weah
m'avait pris sous son aile, il m'a appris et fait comprendre ce
qu'était le haut niveau. Il m'a appris aussi à être panafricain, je
n'ai pas honte de le dire parce que George n'aimait pas être
considéré comme Libérien, il disait qu'il était Africain et ne
voulait pas qu'on fasse une différence entre les Africains. Il se
battait pour que l'Afrique soit respectée, qu'on représente
fièrement ce continent. Je peux parler des heures et des heures de
George Weah, c'est mon grand frère à qui je dois tout ! Aviez-vous été surpris de le voir devenir président du
Libéria ? Absolument pas du tout, du tout ! Quand son pays était sous
embargo avec la guerre civile, il me demandait souvent d'aller
collecter les restes de nourritures que les compagnies aériennes
n'utilisaient pas et qu'on envoyait chez lui au Libéria. Et quand ses concitoyens
arrivaient sur le sol français pour fuir la guerre, le premier
qu'ils appelaient pour un logement et le reste, c'était lui. Il
arrivait qu'ils aient des ennuis avec la police pour des histoires
de papiers, il m'appelait et je l'accompagnais parce qu'il est
anglophone et ne s'exprimait pas bien en français. Et souvent, il
arrivait à régler le problème des Libériens demandeurs d'asile. A
chaque fois qu'un Libérien avait des soucis avec la police et ou
l'administration, il était sollicité et il m'appelait moi, par
humilité et parce que j'étais aussi africain comme lui. Vous êtes ancien international français, vous avez joué
les JO de 1996 à Atlanta aux USA… Comment avez-vous vécu ce
moment ? Waouh… Je vous le redis, vous avez bien travaillé sur votre
sujet. Alors, pour les Jeux Olympiques, c'est le plus grand tournoi
international que j'ai fait avec les Bleus. Je n'étais même pas
sélectionné à la base. Je vais vous dire qu'est ce qui s'est passé
pour que je fasse les Jeux Olympiques
avec la France. Patrick Vieira se blesse lors du dernier match avec
l'équipe dont il était le capitaine à quelques jours du tournoi,
donc il fallait un remplaçant. J'étais en vacances au Sénégal, mon
pays de naissance. Je reçois un appel du sélectionneur qui me dit
que suis convoqué en urgence pour remplacer Pat, et quelques
minutes après, je reçois un autre appel de mon président de
l'époque, Michel Denisot qui me demande de rentrer illico, et en
bon soldat, je fais ma valise et je saute dans le premier vol pour
Paris. Je ne voulais pas jouer les JO pour être honnête avec vous.
Le PSG venait d'avoir un nouvel entraineur en la personne de
Ricardo, qui était mon coéquipier, et qui passe entraîneur. Je
voulais faire une bonne préparation estivale pour être titulaire à
Paris. Une fois sur le sol français, je suis reçu par Ricardo et le
président Denisot. Je leur dis, je ne veux pas faire les JO. Ils
acceptent ma position, mais avant de partir, Ricardo me dis les
yeux dans les yeux : « j'ai des Coupes du monde, j'ai
joué la Copa, la Ligue des champions, mais je n'ai jamais eu la
chance de jouer les Jeux Olympiques. J'en ai toujours rêvé, mais je
n'ai pas eu la chance de les faire. Je ne te dis pas de changer
d'avis, mais réfléchis bien ! » Après réflexion, j'ai
accepté d'aller faire les JO avec la France. Nous avons été éliminés en
quarts de finale, mais quel kiff ! Je conseille à la nouvelle
génération de les jouer, c'est juste extraordinaire. Je comprends
d'ailleurs pourquoi Mbappé veut les jouer. Pour cette course au
Ballon d'Or, imaginez qu'il gagne tout avec le PSG, l'Euro de foot
et derrière les JO, il n'y aura pas débat pour le Ballon d'Or. Vous comprenez tout ce débat autour de la libération des
footballeurs pour les JO ? Non pas du tout. Les clubs se protègent je crois. Après pour les
footballeurs qui ne veulent pas les faire, ils ne savent pas ce
qu'ils ratent. Rendez-vous mardi pour la seconde partie de cet
entretien, consacrée au Sénégal et à Lille.« Lama est un cran voire deux au-dessus de
Donnarumma »
« Les propos de Zlatan sont un manque de respect pour nous
»
« Je ne voulais pas faire les JO »