Le magnétar, l'un des objets cosmiques les plus rares et les plus extrêmes

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Le 15 novembre dernier à 16 h 36, pendant un bref instant, une énorme bouffée de rayons gamma - une impulsion lumineuse composée de photons hautement énergétiques - a frappé la Terre. Cela n'a duré qu'un dixième de seconde mais le satellite Integral de l'Agence spatiale européenne (ESA), en orbite depuis l'automne 2002, l'a immédiatement détecté. Treize secondes plus tard, toute la communauté des astronomes était alertée afin d'identifier la source de cette gigantesque émission.

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Si les scientifiques ont d'abord penché pour la collision de deux étoiles à neutrons, l'absence d'émission rémanente en rayons X, en optique et en radio ainsi que de signal d'ondes gravitationnelles dans les heures et les jours qui suivirent, les a conduits à une tout autre conclusion, publiée récemment dans la revue Nature.

Un noyau atomique géant

Cette éruption géante aurait été provoquée par l'un des objets cosmiques les plus rares et les plus extrêmes : un magnétar situé dans la galaxie M82, également connu sous le nom de galaxie du Cigare, dans la constellation de la Grande Ourse, à 12,5 millions d'années-lumière de la Terre. Jusqu'à présent, seules trois éruptions de cette nature avaient été observées, celle-ci étant la première formellement détectée en dehors de notre galaxie et de ses satellites. Mais alors qu'est-ce donc qu'un magnétar ?

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Théorisé en 1992 par l'astronome américain Robert Duncan et son confrère canadien Christopher Thompson, le magnétar - également appelé magnétoile - est une étoile à neutrons d'un genre particulier. Autrement dit le cadavre stellaire d'une étoile très massive qui, son combustible nucléaire épuisé, a explosé en supernova.

Une supernova dite « à effondrement de cœur » au cours de laquelle les restes de l'astre primaire se sont contractés pour ne laisser de lui qu'une sorte de noyau atomique géant, hyperdense et essentiellement composé de neutrons. Imaginez la masse du Soleil comprimée dans un rayon d'une dizaine de kilomètres ! Un dé à coudre d'étoile à neutrons pèserait quelque chose comme 1 milliard de tonnes.

Un champ magnétique intense

Mais un magnétar n'est pas une étoile à neutrons ordinaire, loin de là. En rotation rapide sur lui-même, il se caractérise, comme son nom le suggère, par son champ magnétique extrêmement puissant, typiquement plusieurs milliers de fois plus fort que celui d'une simple étoile à neutrons. Pour donner une idée de la force magnétique phénoménale d'un tel astre, la Nasa estime que celui-ci serait suffisant pour démagnétiser l'ensemble des cartes de paiement à bande magnétique utilisées dans le monde, depuis la moitié de la distance qui sépare la Terre de la Lune.

À LIRE AUSSI Bestiaire cosmique : dis, c'est quoi une étoile à neutrons ? Quant à leur origine, elle demeure débattue. Deux hypothèses sont en concurrence. L'une d'elles fait appel à une sorte d'effet dynamo lié à leur rotation qui permettrait de doper le champ magnétique de ces astres résiduels dont la vie est réputée extrêmement courte à l'échelle du cosmos puisque sa durée serait de l'ordre de 10 000 ans. L'autre est que seules les étoiles possédant déjà une rotation rapide et un champ magnétique intense, avant leur explosion en supernova, peuvent engendrer des astres si exotiques.

La découverte en août dernier dans la constellation de la Licorne, à 3 000 années-lumière de la Terre, d'une étoile deux fois plus massive que notre Soleil possédant un champ magnétique record, tendrait à confirmer cette hypothèse. D'après les modèles d'évolution stellaire, cette étoile appartenant au système binaire HD 45166, lorsqu'elle explosera en supernova, devrait laisser derrière elle un magnétar.