Air Austral : la direction et les syndicats ont jusqu'à mardi minuit pour finaliser leur "accord de principe"

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La Réunion en préfecture entre les représentants syndicaux, les dirigeants et les actionnaires d'Air Austral s'est terminée vers 21h30 ce dimanche 5 mai 2024. Les négociations pour parvenir à un accord de performance collective ont "bien avancées". s'accordent à dire syndicat et direction. Il leur reste maintenant à finaliser "l'accord de principe" qu'ils disent avoir trouvé ce dimanche soir. Ils ont jusqu'à mardi minuit pour le faire, selon le nouveau délai fixé par l'EtaLe SNPNC - FO (syndicat des hôtesses et stewards) a suspendu jusqu'à lundi 18h son préavis de grève "puisque un accord de principe a été trouvé pour les personnels navigants commerciaux (PNC - ndlr)". Devant la préfecture, une centaine salariés de la compagnie se sont rassemblés pour "sauver leur emploi et leur compagnie" (Photos : rb/www.imazpress.com)

"Nous sommes parvenus à un accord de principe pour les PNC" a souigné Baptiste  Dei Tos (SNPNC - FO) à la fin de la réunion. "C'est un grand pas en avant. Cela signifie que les levirs que nous avions proposé ont été pris en compte" par la direction, a-il noté. "Nous devons consulter notre base pour savoir si les salariés sont d'accord, mais je vois pas de raisons pour lesquelles ils ne seraient pas d'accord" a-t-il poursuivi. Avec la direction "nous nous sommes rencontrés à mi chemin pour trouver un compromis" a déclaré le délégué syndical.

Il annoncé que le préavis de grève était suspend jusqu'à 18h ce lundi "afin de finaliser les discussions". Regardez

"Les nouvelles ne sont pas mauvaises" a commenté en sortant de la réunion Fredéric Bénard, délégué CFDT des personnels au sol,. "Les sujets ont avancés pour différentes catéogories (de personnel - ndlr). ll reste la problématique des personnels au sol" a ajouté le syndicaliste. "Nous allons avoir encore des réunions demain (lundi - ndlr-. Le directoire devra affirner ses chiffres  et nous, syndicats, nous devrons fare avancer les curseurs puisque nous ne sommes pas là pour mettre l'entreprise en difficultés" a-t-il poursuivi.

Fredéric Bénard a aussi une nouvelle fois insisté sur la volonté de son syndicat de "ne pas concéder une baisse des rémunérations. Le Directoire et les actionnaires publics et privés ont entendu mon message" a-t-il encore dit. Regardez

"Nous allons nous revoir lundi après-midi  (avec les syndicats - ndlr) sachant que nous avons acté un accord de principe pour l'ensemble des corporations (catégories de personnel - ndlr) de la compagnie" s'est pour sa part réjouit Harold Cazal, membre du directoire d'Air Austral. "Nous espérons signer un accord défintif mardi après-midi, le temps pour les syndicats de consulter leurs bases et pour les services juridiques de vérifier le contenu de l'accord" a--t-il précisé.

Concernant le personnel au sol, Harold Cazal a souligné : "nous nous sommes entendus sur le fait que nous allions trouver un accord". Regardez

La Réunion avait commencé vers 17h sous l'arbitrage du préfet de La Réunion, Jérôme Filippini.

Dans un courrier envoyé par la préfecture aux différents parties il était écrit : "nous vous convions à une réunion dans le prolongement des réunions menées concernant la situation d'Air Austral".

Une réunion qui semble synonyme comme un ultime moyen de trouver une issue à ce conflit.

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- Trouver un terrain d'entente -

"Trouver un terrain d'entente, un compromis pour l'accord collectif", tel est le mot d'ordre lancé par Frédéric Bénard de la CFDT.

Mais attention, les syndicats ne comptent pas revenir sur leurs positions. "Elles restent inchangées. On ne touche pas aux rémunération", a-t-il confié à Imaz Press.

S'ils acceptent de participer à la rémunération, "c'est à condition que cette participation soit remboursée dans les années à venir sous forme de prêt et non pas de dons comme ce fut le cas en 2020". "Un euro donné, c'est un euro rendu."

"Nous ne devons pas être les dindons de la farce", a-t-il dit.

Des syndicats qui appellent d'ailleurs les salariés de la compagnie à venir devant la préfecture.

- Des réunions et toujours pas d'accord -

Une réunion qui sonne que la dernière chance, alors que vendredi 3 mai, date de fin d'échéance donné par l'État pour parvenir à un accord sur le plan de restructuration, l'accord justement, n'avait pas eu lieu.

À l'issue de plusieurs heures de discussions, les échanges ont bloqué sur les rémunérations.

"Les éléments de la rémunération sont toujours sur le plan de la restructuration. Pour nous, l'impact sur les salaires c'est irrecevable", avait déclaré Baptiste Dei Tos, représentant du syndicat SNPNC-FO.

Un "échec" pour les syndicats, qui ne marque toutefois pas la fin des échanges puisque pour les représentants du personnel, comme la direction, "les négociations continuent, on ne peut pas se permettre d'arrêter sinon c'est la fin d'Air Austral". 

De son côté, la direction a affirmé : "les négociations ne sont pas rompues (...) La direction a fait des propositions et des avancées qui tiennent compte des remarques faites par les syndicats". Elle assure : "notre priorité reste la pérennité de l'entreprise et son avenir".

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- Le préavis de grève court toujours -

Le SNPNC-FO maintient son préavis de grève pour les hôtesses et stewards.

La direction de la compagnie se veut rassurante. Dans un communiqué envoyé ce vendredi 3 mai 2024, Air Austral dit tenir "à rassurer ses passagers qu'aucune perturbation n'est à envisager à ce jour".

À noter que la compagnie, déjà en grande difficulté financière, risque de perdre plusieurs millions d'euros si une grève était déclenchée faute d'accord.

En 2017 déjà, la compagnie aérienne avait été confrontée à une grève du personnel qui avait duré plus de dix jours.

Le coût quotidien de pertes était évalué par la direction entre 700.000 et 800.000 euros les premiers jours, cette somme ayant par la suite diminué progressivement en même temps que le nombre d'affrètements passé de 4 à 1 appareil.

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- Un effort de 12,5 millions d'euros -

Depuis un mois, les actionnaires et les syndicats sont entrés en négociation pour sauver la compagnie régionale qui fait face à une situation déficitaire malgré un chiffre d'affaires record de 438 millions d'euros en 2023.

"C'est le plus haut chiffre d'affaires jamais atteint par l'entreprise", a souligné la Région.

Pour aider la compagnie, l'actionnaire privé d'Air Austral Run Air et de la Sematra (Région) a proposé d'aider pour un montant de 10 millions d'euros.

Un apport qui n'est pas sans conditions. L'objectif est de réduire la masse salariale de 10% après des négociations avec le personnel. L'effort demandé n'est pas anodin : 12,5 millions d'euros sur deux ans.

Il y a 4.500 emplois directs et indirects en jeu. Les deux parties sont conscientes que l'accord collectif doit être signé au plus vite.

Le plan de retournement exigé par l'État, le 19 mars dernier lors de la réunion interministérielle doit être présenté au gouvernement au plus tard d'ici la deuxième semaine du mois de mai.

Ce plan qui sera présenté devra comporter les efforts faits par l'entreprise au niveau de la réduction de ses coûts opérationnels et de la réduction de la masse salariale.

- Un plan de sauvetage pour la compagnie Air Austral -

En Assemblée plénière le jeudi 28 mars 2024, la Région Réunion a annoncé le déblocage d'une enveloppe de cinq millions d'euros pour la compagnie réunionnaise.

En juillet 2021, "nous nous trouvons face à une compagnie aérienne affaiblie", avait déclaré Normane Omarjee, vice-président de la Région Réunion. "L'existence d'Air Austral contribue à faire vivre, survivre des équipements comme l'aéroport."

"La disparition d'Air Austral constituerait une perte sèche pour notre territoire, à hauteur de 100 millions d'euros par an", a ajouté Normane Omarjee.

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Le 7 mars 2024, le Conseil de surveillance s'est réuni. Les actionnaires publics et privés ont accepté collectivement d'accompagner l'entreprise par un apport financier d'un montant de 10 millions d'euros.

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"Pour accompagner l'entreprise à être plus performante, un effort collectif est indispensable. Des mesures de gestion internes plus rigoureuses concernant la maîtrise et la réduction des coûts ont ainsi été validées", annonce Air Austral.

Le 25 janvier 2023, c'est le Département qui a souhaité accompagner le sauvetage de la compagnie aérienne Air Austral à travers des bons de souscription à hauteur de 5 millions d'euros. Par cette opération, le Conseil département détient désormais 20% du capital de la SEMATRA, société actionnaire de la compagnie.

Le 5 janvier 2023, la Commission européenne a autorisé, le projet de la France d'octroyer une aide à la restructuration d'un montant de 119,3 millions d'euros pour permettre le retour à la viabilité de la compagnie aérienne Air Austral, ainsi qu'une aide d'un montant de 17,5 millions d'euros pour indemniser cette compagnie des dommages subis suite à la pandémie du coronavirus entre le 17 mars et le 30 juin 2020.

Une annonce qui faisait suite à l'approbation par la Commission d'une aide au sauvetage sous forme d'un prêt de l'État français d'un montant de 20 millions d'euros en faveur d'Air Austral le 18 janvier 2022.

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Et pourtant, la compagnie a bénéficié d'un effacement de dettes de 116 millions d'euros assortie d'une clause de "retour à meilleure fortune".

- Une compagnie abattue par la crise sanitaire -

La compagnie aérienne est en grandes difficultés financières depuis la crise sanitaire. Une crise qui n'a fait qu'accentuer une santé financière fléchissante.

La compagnie a en effet connu des difficultés en 2012, lors de la crise conjoncturelle.

En 2020, les difficultés empirent : alors que la compagnie fait un chiffre d'affaires de près de 413 millions d'euros, le Covid passe par là, faisant chuter l'activité d'Air Austral, à l'instar de toutes les compagnies aériennes. L'entreprise connait une baisse du trafic de 77% et une baisse de son chiffre d'affaires de 55%. Comme l'explique la Région, son chiffre d'affaires est passé de 413 à 185 millions d'euros, soit une baisse de 225 millions d'euros.

Pour aider la compagnie aérienne à ne pas se crasher, les actionnaires se sont mobilisés. Selon les chiffres donnés par Didier Aubry, en 2020, il y a eu un prêt actionnaire avec un apport de 30 millions d'euros de la Sematra et 90 millions des banques. En 2021 et avec la poursuite de la crise sanitaire, Air Austral sollicite une nouvelle aide. L'État apporte 20 millions d'euros et la Sematra mobilise 10 millions d'euros. Des aides qui s'ajoutent au dispositif de droit commun, à savoir le chômage partiel et l'étalement des aides fiscales.

Mais cela ne suffit pas. En 2022, une aide au sauvetage de la compagnie est notifiée à la commission européenne. Un sauvetage nécessaire, tant la situation financière d'Air Austral est aujourd'hui dégradée.

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- La direction confiante -

Alors que la compagnie traverse des turbulences, Imaz Press s'était entretenu avec Joseph Bréma, président du directoire de l'entreprise. Il parle d'"une belle compagnie avec des atouts indéniables", ne cache pas les difficultés auxquelles il a dû faire face et assure "être confiant".

"Nous rencontrons certes une phase de turbulences, mais j'ai foi en l'ensemble du personnel de la compagnie pleinement mobilisé pour que nous soyons transparents vis-à-vis de nos clients. Aujourd'hui toutes nos énergies sont dirigées vers le maintien de notre activité opérationnelle pour que cela n'impacte ni les voyages, ni la qualité de service proposés à nos passagers."

Pour Joseph Bréma, les mauvais résultats de la compagnie sont dus à une conjonction de facteurs exogènes. "Il y a tout d'abord les facteurs géopolitiques. Je pense à l'interdiction de survol du Soudan et du Niger, entrainant des temps de vol prolongés induite d'une augmentation de la consommation de carburant et des frais de maintenance. Nous devons aussi faire face à une chute du global du trafic du fret aérien, s'accompagnant d'une baisse de la recette unitaire. Nous avons aussi des difficultés d'approvisionnement en fournitures et équipements aéronautiques et le contexte inflationniste en découlant sur les coûts de réparations et de remises en état des avions."

À ces contraintes se sont ajoutées des difficultés opérationnelles affectant les opérations de la compagnie depuis des mois.

"Pour faire face à ces défis opérationnels, la compagnie a été contrainte de puiser dans ses liquidités et de recourir à des affrètements auprès d'autres opérateurs, pour que la situation soit la moins pénalisante possible pour sa clientèle."

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• A propos d'indemnisation en cas de grève

Pour rappel, si vous êtes passagers et  confronté à un mouvement de grève au sein d'une compagnie aérienne deux cas de figure peuvent se présenter :

• Votre vol peut être annulé : vous pourrez alors obtenir un réacheminement sur un autre vol ou un remboursement de votre billet, ainsi qu'une indemnisation ;

• Votre vol peut subir un retard conséquent : vous pourrez alors obtenir une indemnisation. Cette dernière doit être liée "à l'absence de circonstances extraordinaires"

Donc doncrètement, un dédommagement financier ne pourra être versé que si la grève concerne directement le personnel de la compagnie aérienne. Il peut s'agir d'une grève des pilotes, du personnel de cabine, du personnel au sol, par exemple.

En revanche, si la grève est menée par d'autres employés (bagagistes, contrôleurs aériens, personnel de l'aéroport, entre autres), alors il s'agit d'une circonstance extraordinaire.

Voici les montants auxquels vous pouvez prétendre. Ceux-ci sont fixés par le règlement européen et dépendent de la distance de votre vol :

- 250 euros pour les vols de 1 500 km ou moins

- 400 euros pour les vols hors de l'UE de plus de 1 500 km et jusqu'à 3 500 km, ainsi que pour les vols intracommunautaires de plus de 1 500 km ;

- 600 euros pour tous les autres vols.

Si vous remplissez bien les conditions prévues par le règlement européen, vous pouvez obtenir une indemnisation. Pour cela, vous devrez déposer un dossier de réclamation directement auprès de la compagnie aérienne.

ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com

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