Qu'est-ce que le MGCS, ce projet de char du futur franco-allemand ?

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Le ministre français des Armées et son homologue allemand ont signé ce vendredi à Paris un accord sur le projet commun de char du futur (MGCS), longtemps freiné par des intérêts divergents.

« Après plusieurs mois d'intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat […] Les groupes de travail [entre les deux pays] ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris », a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dans une interview publiée jeudi dans le quotidien FAZ. « Ça se concrétise, enfin ! », a-t-il ajouté, en précisant qu'« au début de l'année prochaine, le contrat détaillé devrait être prêt ».

Le ministre français Sébastien Lecornu a lui insisté, dans cet entretien commun accordé au journal allemand, sur le fait que Paris et Berlin concevaient avec ce projet « la nouvelle génération de chars pour 2040 ». 20 Minutes vous explique ce qu'est ce projet de « char du futur. »

Qu'est-ce que le MGCS ?

MGCS est l'acronyme de « Main Ground Combat System », en français « Système principal de combat terrestre ». Initié en 2017 en même temps que l'avion de combat du futur, le Scaf (Système de combat aérien du futur), le MGCS est un programme d'armement franco-allemand. Il vise à remplacer les chars Leopard 2 allemands et les chars Leclerc français, tout en intégrant les dernières avancées technologiques.

Pourquoi parle-t-on de « char du futur » ?

« Bien plus qu'un engin blindé lourd traditionnel, le MGCS est pensé comme un système multiplateformes : un char proprement dit, équipé d'un canon gros calibre, accompagné d'autres modules complémentaires interconnectés (un blindé lourd équipé de missiles antichars puissants, un véhicule d'appui nativement robotisé doté d'armes laser, des drones et autres armements innovants) » indique le ministère des armées. Pour Sébastien Lecornu, le MGCS sera un « équipement militaire révolutionnaire. Nous ne développons pas simplement le char du futur, mais le futur du char que nous voulons imaginer ensemble ».

Véritable « système de combat », le MGCS sera équipé d'importantes ruptures technologiques comme l'IA. Celle-ci assistera les équipages en fournissant un soutien au renseignement, à la planification, au commandement et à la coordination des feux. Les informations pourront être partagées en temps réel grâce à un cloud de combat intégré. De cette façon, les différents modules (ou véhicules) seront à même de traiter, stocker et distribuer instantanément des données tactiques et de coordonner leurs actions de façon semi-automatique pour combiner les effets sur l'ennemi.

Quelles seront les principales caractéristiques du MGCS ?

Capable de tirer jusqu'à 8.000 mètres, deux fois plus que le standard actuel du char Leclerc, la force de frappe du MGCS sera décuplée, assure le ministère des armées. Les différents modules qui accompagnent le MGCS démultiplieront leur capacité d'agression sur l'ennemi, amplifiant « l'effet de surprise sur l'adversaire. »

L'écosystème du MGCS permettra une observation jusqu'à 10.000 mètres de distance, améliorant ainsi les capacités de repérage d'une cible et d'anticipation. Enfin, avec son camouflage actif, son blindage renforcé, ses contre-mesures et neutralisations, le MGCS déploiera une véritable « bulle de protection » pour agir contre des menaces aériennes et terrestres, contribuant « à la protection des combattants. »

Qui va fabriquer ce MGCS ?

Les ministres allemand et français de la Défense se retrouvent aussi à Paris pour entériner la répartition des tâches entre industriels des deux pays. Financé à parts égales par Paris et Berlin et mené sous direction allemande, ce programme, à l'origine conduit par KNDS, l'entreprise d'armement qui réunit le français Nexter (qui fabrique le Leclerc) et le groupe germanique Krauss-Maffei Wegmannune, a vu l'irruption en 2019 du fabricant allemand Rheinmetall.

Quand doit être livré ce char du futur ?

L'objectif visé est 2040. L'accord signé ce vendredi doit ouvrir la voie à une notification des contrats aux industriels « au début de l'année prochaine, ce qui est ambitieux », selon Boris Pistorius. Ce contrat portera sur la phase dite 1A du projet de conception d'un démonstrateur, sorte de pré-prototype, qui doit être fabriqué « au tournant de la décennie. »