Une gagnante de la « Nouvelle star » révélation féminine des Molières ?

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De fausses moustaches, des accessoires, des rondeurs affirmées, des tenues fantaisistes. Et, surtout, beaucoup de talents. En 2010, Luce était entrée presque par effraction dans la « Nouvelle star ». Sans imaginer que deux mois après son premier prime, elle deviendrait la grande gagnante de cette huitième saison. De celles qui marquent le public et les esprits. Quatorze ans plus tard, Luce va faire son retour à l'écran ce lundi. Enfin, pas tout à fait. Luce est redevenue Lucie Brunet, et c'est sous sa vraie identité qu'elle est nommée dans la catégorie de la révélation féminine pour la 35e cérémonie des Molières, l'équivalent des César pour le théâtre.

« Il ne faut pas avoir peur des mots. Je vis mon rêve. A l'âge de 12 ans, j'étais persuadée que je serai comédienne de théâtre », sourit-elle. « Au lycée, je suivais une option théâtre. Même quand j'ai suivi une école d'infirmière, j'avais dans l'idée de faire des nuits au maximum afin de pouvoir me payer des cours, plus tard. » Le raz-de-marée Luce est arrivé entre-temps. Avec deux albums, des tournées… mais une passion qui ne s'est jamais éteinte.

« En deux, trois ans, j'ai acquis quinze ans de métier »

« J'aime bien me dire que la "Nouvelle Star" a été un gros apprentissage », explique-t-elle. La musique, c'est pour le moment derrière elle, sans rien renier. « J'y ai tout appris et la musique m'a mis un gros pied à l'étrier, en me donnant de la visibilité. Avec les deux tournées, les studios que j'ai pu faire et les nombreux projets auxquels j'ai participé, c'est comme si, en deux-trois ans j'avais acquis quinze ans de métier ».

Mais s'il y a eu un avant et un après-« Nouvelle Star », il y a Luce et Lucie, deux personnes en une. « J'aime beaucoup séparer le personnage que j'ai créé, qui est Luce, qui est une sorte de surmoi qui se permet plein de choses. Et j'aime bien parler de Lucie, donc mon moi. C'est comme si je pouvais aller partout en étant Lucie Brunet. »

Depuis le concours de la classe libre au Cours Florent en 2016 jusqu'à cette nomination aux Molières, la Catalane née à Perpignan et partie rejoindre la capitale à 19 ans, n'a pas changé sa passion d'épaule. Jusqu'à Denali. Cette pièce dont personne n'a voulu pendant longtemps, et qui est nommée dans quatre catégories à la cérémonie. « Personne n'a voulu de ce projet, personne n'a mis un kopeck dessus. Ça ne fait que depuis un an qu'on se paie », explique-t-elle. Jusqu'à ce que le Théâtre Marigny, en 2021, ne la repère après son succès au off d'Avignon. La pièce reprendra fin juin dans le théâtre parisien avant, certainement, de partir en tournée en France.

Lucie Brunet y joue Denali, un personnage tragique, à partir d'un fait divers bien réel, mis en scène par Nicolas Le Bricquir. « Une pièce hyperintense où les gens sortent bouleversés, explique-t-il. Qu'on peut aussi détester. On y suit des jeunes complètement pris au piège dans leur déterminisme social qui font, pendant une heure quarante, tous les mauvais choix possibles et inimaginables. Mais avec une mise en scène très ludique où le spectateur se retrouve comme s'il était devant une série Netflix ».

Un personnage sombre, salement écorché par la vie, jusqu'à commettre l'irréparable. « Une pièce tellement intense à jouer que j'ai arrêté la clope le 1er novembre, parce qu'il faut beaucoup porter la voix et que je me suis dit que je ne tiendrai pas, c'est pas possible », se marre-t-elle. A 34 ans, Lucie est restée pétillante, souriante, solaire. Mais elle n'est plus Luce, sans la renier pour autant. « J'ai envie de tout explorer. Il se trouve que je me découvre une passion pour la tragédie. »