L'Europe dans le piège de l'uranium russe

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Le Sénat américain a voté la semaine dernière une loi à l'unanimité - ce qui est très rare en ce moment - interdisant les importations d'uranium enrichi en provenance de Russie, une nouvelle arme dans l'arsenal des sanctions contre Moscou.

Après le gaz, le pétrole et les métaux stratégiques, comme l'aluminium ou le cuivre, les Etats-Unis veulent désormais se passer de l'uranium enrichi russe. La loi votée au Sénat la semaine dernière doit maintenant être signée par le Président Joe Biden - ce qui est très probable - et elle entrera en vigueur sous 90 jours. Dès l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a deux ans, les Etats-Unis avaient clairement identifié leur dépendance à l'égard de Moscou sur le nucléaire : l'Amérique qui a le plus gros parc au monde - 90 réacteurs - importe 27% de son uranium de Russie, ce qui en fait le premier client étranger de Rosatom, le géant nucléaire russe.

Il faut rappeler que la Russie est le premier producteur mondial d'uranium enrichi avec 40% du marché

Dès l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a deux ans, les Etats-Unis avaient clairement identifié leur dépendance à l'égard de Moscou sur le nucléaire : l'Amérique qui a le plus gros parc au monde - 90 réacteurs - importe 27% de son uranium de Russie, ce qui en fait le premier client étranger de Rosatom, le géant nucléaire russe. Il faut rappeler que la Russie est le premier producteur mondial d'uranium enrichi avec 40% du marché.

Alors, avant de décider de cet embargo, les Etats-Unis se sont quand même préparés : ils ont trois à quatre années de stocks devant eux et ils relancent une filière d'enrichissement « Made in USA ».

L'Europe pourrait-elle suivre ?

Pour l'heure, l'Union européenne n'a rien dit et la France, en première ligne sur ce sujet sensible, s'est bien gardée de faire le moindre commentaire. Il faut dire qu'en la matière, nous importons entre un tiers et la moitié de nos besoins en uranium enrichi de Russie.

En silence, on se prépare, nous aussi. Orano - l'ex-Areva - a annoncé il y a quelques mois un investissement de 1,7 milliards d'euros pour augmenter de 30% les capacités d'enrichissement de son usine de Tricastin à Pierrelatte dans la Drôme. Premier coup de pioche en septembre prochain. Mais il faudra attendre dans le meilleur des cas 2028 pour que cette nouvelle usine entre en fonctionnement. Et en matière de nucléaire, on sait que les délais peuvent sérieusement déraper.

Et pourtant, on aurait pu s'éviter ces tracas d'approvisionnement si on avait fait le choix d'investir dans le passé dans une autre technologie nucléaire, différente de celle que l'on a choisi : celle des réacteurs à neutrons rapides.

Derrière ce terme barbare si je vous dis - Phenix et Superphenix - ça vous parle peut-être. Des prototypes que Lionel Jospin a décidé d'arrêter en 1997. Pareil pour le projet de recherche du CEA baptisé Astrid qu'Emmanuel Macron a fermé en septembre 2019. L'avantage de ce type de réacteurs : ils ne fonctionnent pas à l'uranium enrichi mais à l'uranium apprauvri… et ça, la France en a des stocks pléthoriques, sous forme de déchets nucléaires. Alors, on n'a pas de pétrole mais on a des idées, nous dit-on… encore faut-il qu'elles soient bonnes.

Revue de presse internationale

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