Arrêtons d'encourager l'alcoolisme ordinaire
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Pour vous abonner à la newsletter Sans Algo, la nouvelle newsletter podcasts et culture de Slate, c'est par ici. «Ah, vous êtes devenu chiant.» Samedi 27 avril 2024, voilà la réaction spontanée de la journaliste Léa Salamé face à Artus. L'humoriste venait d'évoquer son arrêt de l'alcool et de la cigarette sur le plateau de l'émission «Quelle époque» sur France 2. «C'est très français, ça. Dès qu'on dit qu'on arrête de boire, on devient chiant, alors que c'est bien de ne pas boire d'alcool», rétorque le principal intéressé. Au cours de la même émission, l'ancienne présentatrice du 20 heures de TF1 Claire Chazal n'essuie, elle, aucune remarque lorsqu'elle glisse que dans le verre qu'elle sirote depuis le début de l'interview se trouve du champagne. La scène m'interpelle d'autant plus que j'ai récemment découvert Le Dernier Verre, un podcast documentaire sur l'arrêt de l'alcool, qui m'a alertée sur la culture dans laquelle nous baignons tous. Culture qui nous fait oublier que la consommation d'alcool est responsable de 41.000 morts par an en France et que 23,6% des adultes (18-75 ans) en consomment plus qu'il n'est recommandé. Peut-être est-il donc temps d'écouter ce podcast pour s'interroger sur l'alcoolisme ordinaire que nous entretenons collectivement.
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Dans Le Dernier Verre, la journaliste Marianne Moing, 28 ans et plus d'un an de sobriété au compteur, raconte comment (et surtout pourquoi) elle a décidé d'arrêter de boire. Premiers verres occasionnels à l'adolescence, bières après le travail, verres de vin aux réunions de famille, shooters en soirée… Marianne Moing avait la consommation banale d'une jeune femme élevée dans la culture de la «convivialité à la française», options champagne pour les grandes occasions et trou normand en fin de repas. Elle n'avait jamais bu au travail, ni le matin au réveil, mais dans son esprit, passer un moment social équivalait à boire de l'alcool. Comme beaucoup d'entre nous, elle avait appris à maîtriser les codes de ce psychotrope dangereux mais banalisé, à adapter sa consommation au contexte social. Le fait est que Marianne dépassait tout de même les recommandations du ministère de la Santé: «L'alcool, c'est maximum deux verres par jour et pas tous les jours.» Jusqu'au jour où elle a décidé de ne plus toucher une goutte d'alcool, quitte à braver les regards inquisiteurs de ses proches. En quatre épisodes, la journaliste propose une passionnante exploration de nos mécanismes sociaux autour de l'alcool. À travers sa propre histoire et celle de six de ses proches, Marianne Moing nous met face à une triste vérité: peu importe la fréquence ou le degré de consommation, personne -ou presque- n'a le sentiment d'être alcoolique. Sur le même sujet
Nous jouissons d'un sentiment d'impunité, nous sommes déculpabilisés par des représentations culturelles de l'alcoolisme qui nous dépeignent une mécanique de consommation excessive et destructrice. C'est par exemple le cas de Back to Black, le biopic de la chanteuse Amy Winehouse morte à 27 ans d'une surdose d'alcool, sorti en salles récemment. Son addiction y est dépeinte de manière assez grossière et le film entretient -peut-être malgré lui- le cliché de l'alcoolisme extrême et solitaire, de celle qui boit de la vodka au goulot avant de s'endormir sur le sol de sa cuisine. C'est sûr que c'est plus rassurant pour nous, spectateurs et spectatrices, de penser que tant qu'on n'en est pas là, on n'est pas vraiment alcoolique. Pourtant, j'ai terminé l'écoute du Dernier Verre avec plein de questions assez désagréables en tête. Ai-je déjà fêté un anniversaire ou un Nouvel An sans boire? Combien de verres d'alcool ai-je bu depuis le début de l'année? Ai-je déjà fait un premier date au jus de fruit? Quand j'organise un apéro, est-ce que je prévois toujours des softs? Comme Léa Salamé, me suis-je déjà dit que les gens qui ne boivent pas sont plus «chiants» que ceux qui boivent? Je ne pense pas avoir de «problème avec l'alcool» et pourtant, mes réponses à ces questions ne sont pas toujours évidentes. Ce constat, j'ai pu le faire grâce au podcast Le Dernier Verre. Sans jugement et grâce à des témoignages assez diversifiés pour que chacun s'identifie, Marianne Moing interroge la limite de notre alcoolodépendance. Avec l'éclairage de spécialistes, la journaliste met le doigt sur les mécanismes physiques, psychologiques et sociaux qui nous poussent à boire. Sur le même sujet
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