C'est quoi "Albert", l'intelligence artificielle "souveraine" de la France?

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Dédiée à l'administration publique, elle a été développée ces derniers mois par la Direction interministérielle du numérique (Dinum).

Le choc de simplification de la France passera donc par l'intelligence artificielle. Ce mardi, le Premier ministre Gabriel Attal a enchaîné les annonces pour "débureaucratiser" les services publics. Parmi les armes à disposition: une IA baptisée "Albert" qui se présente comme une IA "souveraine".

L'enjeu: faciliter le travail des agents de la fonction publique, et donc in fine, simplifier l'accès aux informations - parfois ardues - de l'administration pour les usagers. Concrètement, les fonctionnaires pourront poser leurs questions à cette IA et gagner ainsi un temps précieux.

Le cas épineux des données personnelles

Derrière Albert, on trouve la Direction interministérielle du numérique (Dinum) et notamment le chef de son DataLab, Ulrich Tan dont Gabriel Attal n'a pas tari d'éloges. Ancien fonctionnaire du corps des mines, passé par le privé pendant une dizaine d'années avant de rejoindre la Dinum, son équipe a eu la tâche de créer cette IA souveraine l'année dernière alors qu'une première expérimentation était déjà en cours.

La fonction publique utilisait alors plusieurs modèles étrangers dont ChatGPT ou Llama 2 de Meta pour ce test.

"Avec Albert, l'idée est de pouvoir répondre à tous les cas d'usages de l'administration et notamment lorsque qu'il s'agit de données confidentielles" explique Ulrich Tan à Tech&Co.

En clair, il fallait trouver une solution qui évite d'envoyer les données traitées chez les géants de l'IA comme OpenAI.

Pas d'agent artificiel

Albert a donc été créé de toute pièce, à partir de modèles pré-entrainés open source, dont Llama 2 et Mistral. De cette manière, l'administration garde la main sur le contenu des échanges entre Albert et l'agent.

En réalité, Albert se veut multiple. "On a bâti tout un ensemble de produits" indique Ulrich Tan, dont Albert France Services, expérimenté depuis janvier dernier auprès de 60 agents volontaires.

Plus d'une cinquantaine d'administrations ont contacté la Dinum avec des possibilités variées allant de la génération de réponses à la synthèse de documents, en passant par la mise en place d'un agent conversationnel. Là encore, le principal reste l'étanchéité entre les différentes administrations.

Alors pourra-t-on voir un jour une administration publique transformée en super intelligence artificielle capable de jongler entre les formulaires Cerfa? Pour le moment, elle ne sert qu'à aider les agents et n'a pas vocation à s'ouvrir davantage.

"Si une machine qui parle au nom d'une administration fait une erreur…" laisse entrevoir Ulrich Tan, qui se concentre désormais sur "la mise à l'échelle" de cette IA.

Dernier mystère derrière cette IA: pourquoi Albert? Ulrich Tan botte en touche. "On a fait un sondage interne, s'amuse-t-il, mais il n'y a pas de message caché. Chacun y voit ce qu'il a envie d'y voir."

Thomas Leroy Journaliste BFM Business