"C'est insensé, l'anesthésiste a quitté le bloc parce que c'était la pause déjeuner !" Furieuse, une patiente veut porter plainte

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l'essentiel Une retraitée de 78 ans veut porter plainte contre une médecin anesthésiste d'un hôpital de Toulouse, qu'elle accuse d'avoir fait reporter son opération d'une journée sous prétexte que c'était "l'heure de la pause déjeuner". L'action en justice a peu de chances d'aboutir…

"J'en fais une question d'honneur. J'irai jusqu'au bout. Si je gagne devant le tribunal, je reverserai l'intégralité des dommages et intérêts à une association", promet Nelly Kinowski. Cette ancienne salariée de France Télécom, veut faire condamner l'hôpital Rangueil et surtout la médecin anesthésiste qui aurait dû l'endormir avant une intervention chirurgicale.

"Ce que cette dame a fait est insensé. Comme il y avait du retard, elle a décidé de ne pas procéder à mon anesthésie parce que c'était la pause déjeuner ! Cette dame a des responsabilités, elle travaille sur de l'humain pas sur un chantier d'un immeuble", enrage-t-elle. Une source interne de l'établissement de santé confirme la version livrée par la retraitée.

La décision de cette praticienne de quitter le bloc opératoire aurait quelque peu choqué ses collègues, ce genre de pratiques étant extrêmement rares dans le milieu hospitalier. Victime collatérale par le passé d'une grave erreur médicale (son mari est devenu tétraplégique après une intervention chirurgicale NDLR), cette femme de 78 ans veut porter plainte et espère que cette anesthésiste soit sévèrement sanctionnée.

L'affaire a fait des remous en interne

Cette habitante de Montlaur, petite bourgade au sud-est de Toulouse, souffrait depuis plusieurs mois de douleurs lancinantes au niveau des intestins : "Dans un premier temps, je me suis fait opérer à la clinique Monié à Villefranche-de-Lauragais. Ça s'est très bien passé, le chirurgien m'a retiré plusieurs polypes dans les viscères. Le problème est que sur place, il n'avait pas les moyens techniques suffisants pour tout nettoyer."

Le spécialiste qui l'a opérée la redirige vers Rangueil. Elle y est hospitalisée le 10 avril. "Il a fallu que je boive quatre litres d'un liquide infâme pour me purger les intestins. Le lendemain matin, on me transporte à l'entrée du bloc. Les infirmières me posent le goutte-à-goutte et les électrodes. L'heure tourne. Vers 12 h 15, l'anesthésiste débarque avec son micro-ordinateur dans la salle et lance : "je m'en vais." Ça m'a mise dans une colère noire. J'ai dû passer sur le billard le lendemain. Il a fallu boire le même produit et rester à jeun. À mon âge, ce n'est pas anodin. Heureusement, l'opération s'est bien passée."

La direction soutient la praticienne

Le fait qu'elle n'ait eu aucune complication par la suite devrait largement jouer en faveur du médecin. En effet, ce report de l'intervention n'a, semble-t-il, pas mis la vie de sa patiente en danger. Il ne devrait donc pas y avoir matière à poursuite.

À défaut, la retraitée peut prendre attache auprès du service de conciliation de Rangueil pour se faire indemniser. Elle pourrait obtenir pour le préjudice subi quelques dizaines d'euros…

Pour la direction de l'hôpital, la médecin anesthésiste n'a commis aucune faute et ne sera donc pas sanctionnée comme le souhaiterait la patiente : "Les interventions programmées se déroulent sur des plages d'environ cinq heures, notamment le matin entre 8 h et 13 h. La patiente concernée n'a pu être prise en charge pour son intervention qu'à 12 h 50. Les retards et aléas divers peuvent arriver et n'ont rien d'anormal. L'anesthésiste a fait le choix de ne pas lancer l'anesthésie sur ce créneau tardif, l'intervention devant durer un temps supérieur à 10 minutes. Cela dans un contexte où il n'y avait pas de perte de chance pour la patiente. C'est une manière de procéder qui s'inscrit dans des pratiques courantes."