Manifestation propalestinienne à Sciences Po Paris : la direction de l'établissement annonce un accord avec les manifestants

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  • Société
  • Guerre Israël-Hamas

Evoquant des « troubles à l'ordre public », la préfecture avait fait évacuer la voie publique. Dans l'après-midi, les forces de l'ordre s'étaient déployées pour mettre fin à un face-à-face tendu avec des manifestants pro-israéliens.

Des policiers devant Sciences Po Paris, le 26 avril 2024. DIMITAR DILKOFF / AFP

Après plusieurs semaines de tension, la direction de Sciences Po Paris a annoncé, vendredi 26 avril, dans la soirée, un accord avec ses étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, par lequel elle s'engage à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. « Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l'institution », écrit Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po Paris, dans un message transmis aux étudiants et aux professeurs.

La direction s'est engagée à organiser d'ici à jeudi prochain un débat interne, « ouvert à toutes les communautés de Sciences Po ». « Toutes les questions pourront être posées », assure-t-elle, et notamment celles liées aux revendications des manifestants, comme la question des « partenariats de l'école avec les universités et organisations soutenant l'Etat d'Israël ». La direction annonce également « la suspension des saisines de la section disciplinaire engagées depuis le 17 avril ». Ce message a été accueilli avec satisfaction par les dizaines de manifestants encore rassemblés devant l'établissement.

En fin d'après-midi, évoquant des « troubles à l'ordre public », le préfet de police avait fait évacuer la voie publique, dans le calme : les forces de l'ordre avaient demandé aux étudiants, militants ou sympathisants du comité Palestine de quitter les lieux. Une centaine de manifestants sont partis d'eux-mêmes, et « l'action de la police a permis de faire partir une autre centaine de personnes dans le calme », a-t-on indiqué de source policière. Vers 20 h 15, une centaine de personnes restaient devant l'école, a constaté une journaliste de l'Agence France-Presse.

La tension était montée d'un cran aux alentours de 16 heures, avec l'arrivée d'une cinquantaine de manifestants pro-israëliens criant notamment « Libérez Sciences Po » ou « Libérez Gaza du Hamas ». Certains étaient masqués et disposaient de casques de moto. Une bousculade entre partisans des deux camps est survenue au milieu des nombreux journalistes présents. Les forces de l'ordre se sont alors positionnées pour séparer sans violence les deux groupes.

Si des étudiants propalestinens avaient commencé à enlever les poubelles qui obstruaient l'entrée du bâtiment, des militants continuent d'occuper le site et un sit-in avait été organisé dans la foulée sur le pavé. La direction a décidé de fermer plusieurs locaux du campus parisien vendredi. Dans un message à la presse, elle « condamne fermement ces actions étudiantes qui empêchent le bon fonctionnement de l'institution et pénalisent les étudiants, [les] enseignants et [les] salariés ».

Elle a organisé, vendredi matin, une rencontre avec des représentants des étudiants. Le Comité Palestine de Sciences Po réclame notamment « la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po » et « la fin des collaborations » avec toutes « les institutions ou entités » jugées complices « de l'oppression systémique du peuple palestinien ». Il demande, en outre, l'arrêt de « la répression des voix propalestiniennes sur le campus ».

Des poubelles bloquaient l'entrée principale de Sciences Po Paris, rue Saint-Guillaume, vendredi 26 avril au matin. JEFFREY SCHAEFFER / AP

Message de soutien de Jean-Luc Mélenchon

Mercredi soir, une dizaine de tentes avaient été installées dans la cour d'un autre bâtiment de l'établissement, situé 1, place Saint-Thomas-d'Aquin, avant que la police vienne déloger les militants et sympathisants de la cause palestinienne.

« Qu'on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu'on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c'est même digne et c'est noble », a jugé vendredi Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste (PS) et de Place publique aux élections européennes du 9 juin, sur BFM-TV. « Après, dans quelle atmosphère on le fait ? Est-ce qu'on est inclusifs ? Est-ce qu'on tolère le débat ? Est-ce qu'on est capables d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas [ce] point de vue ? Jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Et donc on a un problème. Et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer », a ajouté M. Glucksmann, par ailleurs ancien élève de l'établissement.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Yonathan Arfi, a estimé, vendredi sur LCI, que ce mouvement était « dangereux, car l'université a une fonction symbolique dans nos sociétés. Ce qui se passe dans les universités ne concerne pas que le monde étudiant, mais rayonne sur l'ensemble de notre vie politique et intellectuelle et produit des effets sur une génération ». « Il n'y a rien de massif » mais « ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs », a ajouté M. Arfi.

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« On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous », a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du Comité Palestine. « Ce qui nous pose un problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d'extrême droite israélien », a-t-il ajouté.

Des centaines d'arrestations sur des campus américains

Les étudiants mobilisés ont reçu le soutien du dirigeant « insoumis » Jean-Luc Mélenchon dans un message audio diffusé par le député Thomas Portes (La France insoumise, LFI), venu encourager les manifestants. « Vous êtes à cet instant, pour nous, l'honneur de notre pays », a affirmé l'ancien candidat à l'élection présidentielle. La juriste franco-palestinienne Rima Hassan, candidate LFI aux européennes, s'est elle aussi déplacée pour soutenir le mouvement. « Ces étudiants sont en train véritablement de porter l'honneur de la France », a-t-elle déclaré, en écho aux propos de M. Mélenchon.

« Le débat, oui. Le blocage, non », a déploré la ministre de l'enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, sur BFM-TV, qui a tiré à boulets rouges sur le rôle joué par les « insoumis » dans la mobilisation. Fustigeant « le jeu dangereux » de LFI à des « fins électorales », elle a accusé les meneurs de la contestation d'être des « irresponsables » faisant la promotion de « l'anarchie » sur les campus.

La mobilisation à Sciences Po Paris survient alors que plusieurs universités américaines - dont les prestigieuses Harvard, Yale ou encore Princeton - sont mobilisées, et parfois occupées, pour protester contre la guerre à Gaza.

L'université Columbia, à New York, a ajourné la date limite de vendredi à minuit (6 heures, heure à Paris) fixée aux étudiants propalestiniens pour qu'ils évacuent le campus, occupé pour protester contre la guerre dans la bande de Gaza, a-t-elle annoncé.

Des dizaines d'arrestations ont eu lieu la semaine dernière, après que les responsables de l'université ont fait appel à la police pour mettre fin à une occupation accusée par plusieurs personnalités d'attiser l'antisémitisme. Les manifestations propalestiniennes se sont ensuite poursuivies mercredi sur le campus. Plus de deux cents manifestants ont été arrêtés mercredi et jeudi dans des universités de Los Angeles (Californie), de Boston (Massachusetts) et d'Austin (Texas), où quelque deux mille personnes s'étaient à nouveau rassemblées jeudi.

Le Monde avec AFP

Magnum photos

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Yokohama, Japon, 2003.

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Moscou, Russie, 1989.

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