DOSSIER. Guerre en Ukraine : 800 jours après l'offensive russe, l'Ukraine peut-elle encore tenir ?

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l'essentiel La situation en Ukraine s'est "aggravée" ces dernières semaines selon le commandant en chef des forces armées de Kiev alors que ce vendredi 3 mai est le 800e jour du conflit. Dans l'attente de l'aide occidentale, le pays tente de ne pas trop céder du terrain.

"Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s'il y avait une demande ukrainienne - ce qui n'est pas le cas aujourd'hui - on devrait légitimement se poser la question". La phrase est signée Emmanuel Macron, dans un entretien publié ce jeudi par The Economist et évoque l'envoie potentiel de troupes au sol pour aider Kiev. Le chef de l'État le sait, l'Ukraine recule ces dernières semaines.

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Dernier exemple en date, ce jeudi 2 mai. L'armée russe a revendiqué la prise d'un nouveau village, Berdytchi, continuant sur sa lente avancée dans cette zone proche de la ville d'Avdiïvka, conquise par Moscou, en février. Ces dernières semaines, la Russie semble avoir appuyé sur l'accélérateur, et prend, petit à petit, le contrôle de certaines villes ukrainiennes.

Situation "aggravée"

À l'est, le front s'étire sur plus de 1000 kilomètres que tentent de défendre chaque jour les troupes de Volodymyr Zelensky, malgré le manque de munitions. Récemment, les attaques russes se sont multipliées et les combats se sont concentrés autour de la ville de Kharkiv, ciblée sans relâche par l'armée russe.

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La ville portuaire d'Odessa sur la mer Noire, dans le sud-ouest de l'Ukraine, vitale pour les exportations ukrainiennes, est elle à nouveau visée par des attaques meurtrières de missiles et de drones. On y déplore de nombreux morts depuis plusieurs jours.

Le 29 avril, le commandant en chef des armées de Kiev s'est alarmé d'une situation qui s'est "aggravée" selon ses mots, rapportant également "de violents combats". Pour Guillaume Encel, ancien officier, et interrogé par La Dépêche, "la ligne de défense ukrainienne tient encore". "Les Ukrainiens sont mis sous pression avec l'armée russe qui avance et opèrent de très nombreux bombardements, mais ils reculent de manière organisée."

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L'aide américaine et occidentale attendue

Kiev adopterait-il la stratégie du "reculer pour mieux sauter" ? Toujours est-il que l'Ukraine est dans l'attente de l'aide américaine et occidentale. La première, de l'ordre de 61 milliards de dollars, a enfin été adoptée par la Chambre des représentants américains, le samedi 20 avril, après des mois de négociations aux États-Unis. Cette aide répondra "aux besoins urgents de l'Ukraine, sur le champ de bataille", a indiqué Joe Biden.

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Suffisant pour contrer les dernières prises du Kremlin ? Rien n'est moins sûr, mais l'aide occidentale devrait être déployée très prochainement. Car l'Ukraine en a besoin, plus que jamais. La question des munitions, véritable nerf de cette guerre pour Volodymyr Zelensky - qui ne cesse d'affirmer que son pays n'est pas en mesure de répondre aux attaques de Moscou sans elles - est toujours au cœur des débats.

Sans cette aide-là, Kiev ne semble pas avoir les moyens de répondre actuellement. Des missiles ATACMS, armes de longue portée, ont récemment été fournis à l'Ukraine par les États-Unis. D'autres pays européens ont assuré que des avions F16 seraient prêtés d'ici cet été. Des renforts nécessaires pour l'Ukraine.

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800 jours sont passés depuis l'allocution télévisée de Vladimir Poutine, le 24 février 2022, lors de laquelle le président de la Russie annonçait une "opération militaire en Ukraine". 800 jours plus tard, cette opération est toujours en cours, a dépeuplé les deux camps et continue de faire de nombreux morts chaque semaine. 800 jours, soit plus de deux ans de combat, de résistance côté ukrainien, d'agression côté russe. 800 jours qui en appellent probablement des dizaines et des centaines d'autres tant le conflit s'enlise et ne semble trouver aucune porte de sortie, malgré l'aide occidentale.