Le bed rotting, cette tendance qui prône de rester au lit le plus longtemps possible et dont il faut se méfier

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Le bed rotting a la cote sur les réseaux sociaux. Cette tendance, encouragée par les influenceurs, prône le fait de rester au lit toute la journée dans le but de se reconnecter avec soi-même. L'idée est de s'octroyer un moment rien qu'à soi et d'y faire ce dont on a envie : manger, lire ou regarder une série, sans quitter cet espace réconfortant.

Le bed rotting (littéralement « pourrir au lit ») incite à ne sortir de son cocon que quand on se sent pleinement reposé.

« Le bed rotting peut être un symptôme de la dépression »

« Cette pratique peut avoir du bon, concède la psychanalyste Chantal Pironi. Ne rien avoir à faire après une semaine stressante, à courir partout, peut être réconfortant et nécessaire. Elle est bénéfique comme la grasse matinée peut l'être et faire du bien au moral. » Cette pause, qui permet de se déconnecter des impératifs du quotidien, permet alors de recharger les batteries et de se concentrer sur ses envies.

La psychanalyste alerte tout de même sur le risque de transformer cette pratique occasionnelle en habitude. Pour elle, il est nécessaire de s'interroger sur les raisons qui nous poussent à vouloir rester au lit si longtemps, sur ce que l'on ressent en le faisant et pourquoi nous avons ce besoin.

« Le bed rotting peut être un symptôme de la dépression, s'il est associé à d'autres signes comme la perte d'intérêt pour les activités qui sont habituellement agréables, souligne Chantal Pironi. Cela pourrait être le cas si une personne ne prend pas de plaisir à regarder sa série préférée par exemple. » Plutôt que la léthargie, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) prône d'ailleurs l'activité physique régulière pour réduire les symptômes de dépression et d'anxiété.

Le dérèglement de l'horloge interne

L'autre risque pointé par la spécialiste est l'isolement social. « Les adeptes du bed rotting ont tendance à scroller seuls devant leur téléphone », souligne-t-elle. Or, plusieurs études suggèrent qu'une trop grande exposition aux écrans accroît les risques de dépression et de démence.

En favorisant les siestes, le bed rotting peut aussi décaler les rythmes circadiens, l'horloge interne du corps humain qui régule les processus physiologiques comme le sommeil. L'organisme ne sait plus s'il est temps de se mettre en mouvement ou au contraire, l'heure de s'endormir, trompé notamment par la mélatonine. La production de cette molécule synthétisée dans le cerveau peut être influencée par la lumière perçue par notre rétine et est naturellement favorisée en position allongée.

« Le principe du sommeil est qu'il faut entrainer les rythmes circadiens, avec une période d'activité sans dormir, pour avoir une pression de sommeil suffisante le soir venu », rappelle le Pr Pierre Philip, Chef du service universitaire de sommeil du CHU de Bordeaux. Pour un sommeil de qualité, il recommande de respecter trois piliers : la régularité, la durée et la qualité.

Cette pratique à long terme est aussi déconseillée, parce qu'elle favorise la sédentarité qui accroît le risque de maladies cardiaques, de cancer et de diabète de type 2, rappelle l'OMS. Si le bed rotting occasionnel peut-être salvateur, attention donc de ne pas en abuser.