"Sans trop en prendre conscience, j'ai perdu du poids" : comment l'hypnose peut considérablement améliorer votre vie

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Lorsque l'on parle d'hypnose, c'est encore souvent l'image des spectacles d'hypnose, tels ceux du fameux Messmer, l'un des hypnotiseurs les plus connus, qui vient en tête directement. On imagine que l'hypnose nous plonge dans un état inconscient, une sorte de tourbillon comme sur la photo clichée qui illustre cet article, dans lequel on peut nous faire faire tout et n'importe quoi. Mais en réalité, l'hypnose est un état naturel de conscience modifiée, des phases de transe légère, que l'on vit en réalité au quotidien toutes les 90 minutes environ. Vous voyez ce sentiment de ne pas avoir vu le temps passer, lorsque vous conduisez automatiquement et que vous oubliez de sortir de l'autoroute là où vous deviez ? Eh bien, vous étiez sans doute dans une phase hypnotique, bien éveillé(e), mais différemment du reste du temps.

On démêle le vrai du faux sur l'hypnose avec Messmer

L'hypnose joue en réalité sur le fait que le cerveau ne fait pas la différence entre le réel et l'imaginaire. Cette pratique va donc permettre de "faire comme si", en dupant notre cerveau. "La transe hypnotique est un état de 'relaxation' profonde qui se situe entre le sommeil et la pleine conscience. Cette transe permet une baisse de notre conscience critique et une augmentation de notre ouverture d'esprit à de nouvelles idées. Autrement dit, nous sommes plus réceptifs aux changements lorsque nous sommes hypnotisés", explique Mathilde Dupont, infirmière et praticienne en hypnose. C'est aussi pour cela que son utilisation se répand de plus en plus pour aider à traiter des troubles divers. La jeune femme accueille régulièrement des patients pour "des problématiques qui gravitent autour du stress et l'anxiété, mais également des phobies en tout genre ou encore la gestion du poids, le sevrage tabagique et les douleurs".

Très angoissée à l'idée de prendre l'avion, Élise, 27 ans, a fait appel à Mathilde il y a deux ans, alors qu'elle préparait un long voyage en avion. "J'allais faire un stage sportif en Arizona, soit dans l'ouest des États-Unis, donc ça faisait beaucoup d'heures de vol. D'autant plus que je devais prendre trois avions à l'aller et deux au retour", raconte-t-elle. La jeune femme a donc travaillé sa peur avec l'hypnothérapeute au cours de deux à trois séances d'hypnose et en effectuant régulièrement des exercices de respiration et de relaxation, avant et pendant son voyage. Mettant des mots sur comment elle a vécu ces séances, Élise explique : "J'ai ressenti ça comme une sorte d'apaisement du corps et de l'esprit, où Mathilde m'a mise en situation pour que j'arrive à appréhender au mieux ces vols en avion. Durant les séances, elle m'a mise en situation pour donner des informations positives à mon cerveau, afin qu'il associe déjà le fait de prendre l'avion à des choses positives. Elle faisait un peu appel à tous mes sens. L'idée était que le jour du départ, quand je me retrouve dans l'aéroport, ce soit déjà quelque chose de connu pour mon cerveau".

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Et cela a très bien fonctionné. Élise a même dormi dans l'avion en revenant des États-Unis : "C'est une chose qui ne m'était jamais arrivée avant ! Je ne fermais jamais un œil dans l'avion, je restais tout le temps en hypervigilance. Et là, je suis quand même parvenue à rester bien relax". Depuis ce grand voyage, elle a repris l'avion plusieurs fois, et elle se sent plus détendue maintenant. "Mon cerveau a vraiment intégré que c'était ok. Et je me sens beaucoup mieux quand je dois prendre l'avion, je ne fais plus des cauchemars pendant un mois avant et maintenant, je me réjouis de partir en vacances", conclut notre témoin.

Des changements de comportement, sans s'en rendre compte

Pour Pierre, 61 ans, les choses étaient différentes. Infirmier, il a toujours été intrigué par l'hypnose et souhaitait "voir ce que cela fait de plonger dans un état 'différent'". "Et comme je suis un peu en surpoids depuis un long moment, j'ai pensé joindre ma curiosité à une aide potentielle afin de maigrir, ou en tout cas de réduire ma consommation de certains mauvais aliments et le grignotage", nous explique-t-il, lui qui a toujours aimé les pralines, chips et autres gourmandises à manger entre les repas. Il a donc pris rendez-vous auprès d'une hypnothérapeute, chez qui il s'est rendu à deux reprises. "Pendant toute la séance, je me sentais très bien, voire 'léger' et quand elle m'a invité à ouvrir les yeux à la fin, j'avais le même ressenti qu'après une bonne sieste. Détendu et relaxé", raconte Pierre, avant d'expliquer comment le premier rendez-vous a eu un impact sur son comportement alimentaire : "Dans les semaines qui ont suivi, je me suis aperçu, mais sans trop en prendre conscience directement, que je ne mangeais plus de chips, que je ne mettais par exemple plus de sirop (grenadine, etc.) dans mes verres d'eau aux repas. Je suis maintenant beaucoup moins attiré par les biscuits, les bonbons, le chocolat… Et j'ai perdu un peu de poids". Mais le plus surprenant, c'est que "toutes ces modifications alimentaires se font toutes seules, je ne dois pas y réfléchir à chaque instant. En fait, ces aliments ne me manquent absolument pas, ne me tentent pas, même quand je les ai sous les yeux", ajoute Pierre, glissant qu'à Pâques, il n'a par exemple pas du tout été attiré par les oeufs et autres chocolats.

Convaincu par sa première expérience, il a décidé, un an plus tard, de réitérer l'expérience pour cette fois se débarrasser d'une autre mauvaise habitude : la consommation régulière de Coca-Cola. "Et à nouveau, au fur et à mesure des jours, je me rends compte que je ne bois pratiquement plus de Coca, et Dieu sait si j'en consommais régulièrement ! Désormais, une bouteille peut rester entamée plusieurs jours dans le frigo", confie Pierre, qui attend maintenant voir si cela aura à nouveau une incidence sur son poids.

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Une sensation de bien-être

L'hypnose étant un état naturel, tout le monde peut théoriquement y accéder (sauf les trop jeunes enfants). Même si certaines personnes y entrent plus facilement ou plus profondément (souvent celles qui finissent sur scène lors des spectacles) que d'autres. "Plus nous grandissons et plus la réceptivité à l'hypnose est modifiée, en fonction de nos personnalités, nos valeurs, nos croyances et notre éducation", précise Mathilde Dupont, avant d'ajouter : "C'est d'ailleurs parfois amusant de voir que certaines personnes qui se disent pas du tout réceptives sont celles qui entrent le plus intensément en état de transe hypnotique".

Si elle se réjouit de voir que ses patients ressortent généralement soulagés de leur consultation, la praticienne concède que l'hypnose n'est pas efficace sur tout le monde : "Tout dépend en fait de plusieurs facteurs, comme la relation créée avec le praticien, l'envie de créer un changement, le moment choisi, le niveau de réceptivité, etc. J'ai eu des patients avec qui c'était très compliqué de les faire entrer en état de transe hypnotique, et c'est du coup difficile d'aller proposer des suggestions à l'inconscient. Le résultat espéré n'était donc pas atteint. Mais dans tous les cas, la séance apporte quand même une sensation de bien-être, de détente. C'est un moment agréable - même si parfois le patient passe par des sensations étranges et/ou inconfortables - que la personne prend pour elle et qui lui fait du bien".

L'hypnose pour rééduquer après un AVC

Si l'on parle de plus en plus de l'hypnose pour traiter des phobies, des addictions ou l'anxiété, cette pratique peut aussi être utile dans d'autres domaines de la santé, comme les douleurs ou la rééducation après un traumatisme. C'est typiquement ce sur quoi travaille Michel Willems, depuis plusieurs années maintenant. Kinésithérapeute de formation, le Liégeois s'est formé à l'hypnose après avoir compris "l'intérêt, pourtant si flagrant, de renouer le corps à l'esprit du patient", explique-t-il. Il a ainsi fondé la marque Hypnokiné et est désormais spécialisé dans l'hypnorééducation, soit une technique qui allie les soins de kiné à une séance d'hypnose. Il travaille notamment sur la gestion de la douleur et les douleurs fantômes, la récupération des sens tactiles et olfactifs ou encore les troubles de la sensibilité, tels les fourmillements ou les engourdissements. "L'hypnose est en fait un outil qu'on va utiliser en complément, comme on pourrait utiliser des crochets ou des ultrasons en kinésithérapie", résume le spécialiste, "C'est un outil qui va nous aider à aller soigner la personne d'une autre façon, moins courante".

"Pour un patient qui viendrait parce qu'il a de l'algoneurodystrophie, donc des douleurs à la mobilisation, par exemple, de son bras suite à une fracture, je vais pouvoir utiliser l'hypnose et ainsi mettre cette personne dans un état de transe qui correspond à l'anesthésie. Et tout en travaillant confortablement si je peux dire, je vais pouvoir récupérer des amplitudes avec cette personne. Le patient, lui, reste conscient de ce qu'il se passe avec son corps et quand il va se réveiller de son état hypnotique, il saura qu'il a bougé, que j'ai travaillé avec lui sur son bras", développe Michel Willems.

En parallèle, le kiné travaille aussi avec l'Université de Liège et son Sensation&Perception Research Group sur des recherches liées à la rééducation après un AVC. Actuellement, en collaboration avec l'un des groupes de chercheurs de l'ULiège, il participe à une étude qui s'intéresse à "l'impact de la kinésithérapie combinée à l'hypnose sur la capacité fonctionnelle du membre supérieur chez les patients cérébro-lésés". Il détaille en quoi cela consiste : "Pour cette étude, on va travailler le réveil musculaire, entre autres. Pour ça, je vais mettre les personnes dans un état différent, un état de conscience modifiée. C'est toujours à l'étude et on ne sait pas encore exactement comment ça marche - même si on a des pistes - mais on va essayer d'aller recruter, dans les zones cérébrales qui sont actives, celles qui peuvent encore réactiver les parties musculaires du corps". Selon Michel Willems, il y a actuellement très peu de recherches tournant autour de cette combinaison hypnose-kinésithérapie dans le traitement des séquelles d'un AVC. Lui et ses collaborateurs recherchent d'ailleurs encore des patients pour participer à cette étude, glisse-t-il.

Régulièrement, le Liégeois partage sur sa page Instagram les avancées qu'il obtient auprès de ses patients victimes d'un AVC, en images. Il y a montre notamment le cas d'un patient resté 15 ans sans bouger la main après suite à un AVC. "Et maintenant, il arrive à la rebouger, c'est très impressionnant. La motricité est revenue sur tout le membre supérieur. Bien sûr, il y a quand même des séquelles car les muscles se sont atrophiés à force d'être restés fléchis. Mais ça commence à se remettre, après quinze ans, ce qui est beaucoup", se réjouit Michel Willems.

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